Fondé en 1986, Matsuri est le premier groupe français de restaurants japonais à comptoir tournant, avec un service de vente à emporter et de livraison à domicile. Présidé par Eric Woog, le groupe compte aujourd’hui 19 établissements dont 14 en France et 300 collaborateurs.
Le comptoir tournant permet de choisir les mets avec les yeux, de gérer son temps et sa dépense grâce à la couleur des assiettes qui détermine le prix (entre 2 et 6 euros), dans un contexte ludique pour petits et grands.
Depuis 2016, Matsuri présente ses nouvelles créations culinaires deux fois par an en mars et en septembre, avec ses collections « printemps-été », sortie le 23 mars 2017 et « automne-hiver »en septembre.
Matsuri et son architecture
Depuis 2012, afin de recréer un univers contemporain aux influences japonaises, Matsuri a entamé une phase de rénovation de l’architecture intérieure de ses restaurants.
Pour cela, Eric Woog, président de Matsuri, a fait appel au duo d’architectes franco-japonais « Moreau Kusunoki ».
A ce jour, cinq établissements affichent le décor de la nouvelle charte : Matsuri Vincennes, Matsuri Boétie, Matsuri Presqu’île à Lyon, Matsuri Part-Dieu à Lyon et Matsuri à Bordeaux. D’autres suivront dans les années à venir.
Matsuri et ses enjeux
Initié rue de la Boétie à Paris en 2013, l’enjeu principal du projet est de respecter la charte graphique d’origine, très chic ; le tout, en permettant d’assurer un déploiement qui correspond aux objectifs de coûts de Matsuri.
« La confiance et l’entente que nous entretenons avec Eric Woog, président du Groupe Matsuri, nous permettent d’avancer de manière sereine. »
« L’objectif de la charte que nous avons dessiné pour Matsuri est d’apaiser, de pacifier le lieu afin de permettre au public de se concentrer sur l’essentiel : la dégustation et l’échange autour du repas.», précise l’architecte Nicolas Moreau de Moreau Kusunoki.
« Pour atteindre cet objectif, nous avons limité volontairement le nombre et le type de matériaux décoratifs. Le bois est mis à l’honneur à travers les lames en chêne disposées sur certains murs et au plafond. »
L’accoustique
Le confort acoustique est particulièrement soigné grâce à l’utilisation de fibres de bois de couleur sombre cachées derrière les lames de bois. Cela permet de réduire le volume sonore et de limiter la réverbération.
L’éclairage
Les sources de lumière sont masquées afin de valoriser la texture du bois, conférant au lieu une dimension chaleureuse et douce. Les suspentes lumineuses, dessinées par l’agence, ont vocation à valoriser les produits sur le convoyeur et à diffuser une lumière tamisée.
Les chaises
MK chair est une chaise en hêtre, composée de lames de bois massif, assemblées à la manière d’un peigne, renforcées par des tiges en acier. Profonde, elle apporte une assise confortable. Son dossier, relativement bas, correspond à la hauteur d’une table, limitant ainsi l’encombrement visuel. Dessinée en 2012, elle s’inscrit dans le vocabulaire crée dans le cadre de la conception de la nouvelle charte architecturale des restaurants Matsuri.
Matsuri et MOREAU KUSUNOKI ARCHITECTES
L’agence n’existerait pas sans le Japon. Hiroko y est née, elle y a obtenu son diplôme auprès de la faculté Shibaura Institute of Technology à Tokyo. Ancien étudiant de l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Belleville, à Paris, Nicolas Moreau a découvert l’archipel nippon en 2003.
C’est à Tokyo qu’ils font leurs premières expériences professionnelles, auprès d’architectes de renommée internationale : chez Shigeru Ban, pour Hiroko, Sanaa et Kengo Kuma pour Nicolas. De leur passage chez ceux qu’ils considèrent comme des maîtres, ils retiennent plusieurs leçons : l’art de la structure chez Ban, le questionnement programmatique et spatial chez Sanaa, le goût des matériaux chez Kuma.
En 2008, ils quittent Tokyo pour la France où Nicolas fonde et dirige l’antenne européenne de Kengo Kuma architecture. Il s’occupe notamment du projet du FRAC de Marseille, et de la Cité des Arts et de la Culture de Besançon. Le système français de la commande publique, attribuée à l’issue de concours accessibles aux jeunes architectes, leur donne l’opportunité d’ouvrir leur propre structure.
Le Nouveau Théâtre du Beauvaisis, à Beauvais, est leur premier projet lauréat. Ils gagnent ensuite les concours de la Maison des Cultures et des Mémoires de la Guyane (Cayenne), de l’école d’ingénieurs Polytech au Bourget-du-Lac, du parvis du Tribunal de Grande Instance de Paris (dessiné par Renzo Piano), actuellement en cours de développement.
La dualité culturelle des architectes se lit dans tous les projets conçus à l’agence. Du Japon, les architectes retiennent le goût des détails. Le projet commence par l’infinitésimal, un joint dans un mur, un carreau ; il se poursuit à l’échelle de l’objet, questionnant nécessairement la ville existante, selon une logique toute occidentale de l’urbanisme.
Les différences de langue maternelle placent Nicolas Moreau et Hiroko Kusunoki dans un entre- deux, une distance abolie par la langue commune du dessin. A l’édifice qui découle d’un concept, les deux associés préfèrent la preuve par l’objet, suivant une habitude japonaise : dessins et maquettes permettent d’approcher lentement la forme finale. C’est l’intuition, le ressenti, plus que la raison, qui donnent la justesse d’une solution.
« Pour l’agence, la recherche sur les matériaux et la réactualisation de savoir-faire traditionnels est un point central : une chance de sortir l’architecture des corsets imposés par la réglementation et l’industrie, un acte esthétique et militant. »