Que reste t’il des vampires en 2013 ?
Si le vampire de fiction naît avec le roman éponyme de Polidori en 1817, les créatures de la nuit n’ont depuis jamais cessé d’affirmer leurs présence dans les oeuvres de l’esprit (littérature, cinéma, etc.). Mais la créature est aujourd’hui très éloignée de ce qu’elle pouvait être au cours du 19e siècle, voire des débuts du 20e siècle. Les vampires nobles, avatar de Ruthven, Carmilla et Dracula sont en effet très éloignés des représentations actuelles des buveurs de sang.
Le vampire conserve certes sa part de noirceur, et représente encore, au moins jusqu’à l’aube des années 80, ce mal sans concession qu’il faut réussir à détruire. Une créature régie par ses instincts qui disposent de pouvoirs hors du commun pour parvenir à assurer sa survie, et s’abreuver de ce liquide carmin qui assure son immortalité. Ainsi peut-on encore rattacher à cette vision de nombreux films de vampires comme le Nosferatu de Murnau (premier film de vampire de l’histoire du 7e art), le Dracula de Tod Browning (avec l’incontournable Bela Lugosi) ou des livres de vampires et nouvelles comme ceux du recueil Shambleau de Catherine Moore.
En 1979, Anne Rice fut la première à initier un revirement drastique, permettant à ses vampires de procéder à leur introspection, en leur donnant pour la première foi la parole avec Entretien avec un vampire. Les contours manichéens de la créature s’effacent au profit d’un profil psychologique plus contrasté. A l’image de Louis, considéré (notamment par ses pairs) comme le plus humain des vampires.
Aujourd’hui, alors que Twilight et la Bit-lit (un genre littéraire dont le nom est né en France, et auquel n’appartient définitivement pas la série de Stephenie Meyer) semblent avoir poursuivit dans cette voie jusqu’au paroxysme, en présentant des vampires chez lesquels la part d’Eros semble avoir pris le dessus sur le Tanathos, on peut légitimement se demander ce qui subsiste du monstre des auteurs du 19e. Utilisé jusqu’à l’usure, détourné par la publicité et les médias, le vampire semble perdre peu à peu de sa superbe. Est-ce pour, à un moment, refermer la porte du cercueil dans lequel il passe ses nuits pour entrer en torpeur, et n’en ressortir que dans quelques années, à la faveur d’un nouveau remaniement du mythe ?